La rhinoplastie : l’opération qui séduit les Françaises
Trop large, trop fin, trop bossu? Quand on ne voit plus que ça dans le miroir, faut -il penser à l’opération?
Avec environ 15 000 opérations du nez chaque année, la rhinoplastie arrive au premier rang des interventions du visage en France. Aux Etats-Unis et dans le monde, elle se situe à la cinquième place toutes opérations esthétiques confondues. Mis au point par un médecin autrichien il y a plus d’un siècle, le remodelage chirurgical du nez a beaucoup évolué ces dernières années. On vous dit ce qu’il faut savoir avant de se lancer, pour être certaine d’aimer son nouveau nez.
SE FAIRE REFAIRE LE NEZ ÇA CONSISTE EN QUOI ?
A l’affiner, à le redresser, à corriger une pointe un peu tombante ou un peu large, à aplanir une bosse … La première étape consiste à faire comprendre au chirurgien ce que vous voulez, en lui décrivant les nez qui vous plaisent et ceux que vous n’aimez pas. Auparavant, les plasticiens, limités par la technique, faisaient souvent le même nez à tout le monde: petit et retroussé, dit « à la parisienne », ou droit, façon profil grec, incontournable dans les années 60 et 70. Aujourd’hui, « un nez réussi ne se voit pas car il est bien intégré dans le visage », soutient la majorité des médecins, donc il est différent d’une femme à une autre. « Mon nez était un vrai complexe. Enfant, j’en ai entendu, de charmants petits surnoms, raconte Véronique, opérée à 30 ans. Les deux premiers chirurgiens consultés ne m’ont pas donné beaucoup d’explications et semblaient surtout intéressés par mon chèque. Le troisième m’a accueillie, rassurée, montré comment modeler mon nez pour qu’il soit naturel et que ça ne me change pas trop, puisque je vivais avec depuis des années … Cela m’a donné confiance en moi. Si j’avais su, je l’aurais fait avant.»
UNE RHINOPLASTIE ÇA SE PASSE COMMENT ?
Le chirurgien vous photographie et examine votre nez sous tous les angles, intérieur compris. Le morphing vous donne une bonne idée de ce qui est possible: la forme est simulée sur votre portrait de face et de profil, ou sur ordinateur avec un logiciel 2D ou 3D. Le praticien vous explique l’opération, qui se déroule le plus souvent sous anesthésie générale, et les suites. il peut choisir de remodeler le nez par voie fermée, en incisant par les narines, ou par voie ouverte, ce qui laissera une petite cicatrice à la base du nez, et sur les ailes s’il y touche aussi. Dans certains cas, plus rares, une correction du menton peut être nécessaire. N’hésitez jamais à prendre un second avis. Prévoyez quinze jours à la maison et un bon maquillage couvrant.
« J’étais en forme le soir de l’opération,j’ai gardé des mèches dans le nez une journée et on m’a retiré le pansement une semaine plus tard, raconte Sarah, 27 ans, opérée il y a six mois. J’appréhendais un peu, mais j’ai tout de suite eu une idée du résultat. J’ai eu les yeux gonflés et des bleus pendant un mois. Ça fait partie du truc, j’ai camouflé comme j’ai pu. Je ne sens pas encore mon nez à 100 % mais ça n’a pas été douloureux. C’est si bien fait! Les gens qui ne savent pas que j’ai été opérée me demandent ce que j’ai fait à mes cheveux … »
LA RHINOPLASTIE ULTRASONIQUE, C’EST MIEUX ?
Testée depuis deux ans, elle sera présentée au congrès de la Société française de chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique en décembre. « Il s’agit de remodeler la partie osseuse du nez à l’aide d’instruments à ultrasons plus petits que les outils traditionnels », décrit le Dr Olivier Gerbault, chirurgien plasticien. L’avantage?
« On est plus précis, ce qui réduit le risque de casser l’os au mauvais endroit quand on doit le faire. Et, comme cela n’altère ni la peau ni les vaisseaux, les suites sont plus courtes », précise-t-il. L’inconvénient: l’intervention dure plus longtemps, donc coûte plus cher (voir le tableau ci-dessous). L’étude en cours devra, en outre, préciser ses bénéfices, ses limites et ses risques. En attendant que les spécialistes intéressés se forment, courant 2015, la rhinoplastie traditionnelle reste la technique de référence.
CHANGER DE NEZ, C’EST RISQUÉ ?
Oui, si on n’a pas mûrement soupesé sa décision, puisqu’il est au milieu de la figure. Or, on peut ne pas aimer son nouveau nez, même techniquement réussi. « Les gens ne veulent pas du nez idéal décrit dans nos manuels – une personne peut être très malheureuse avec ce nez-là -, ils en souhaitent un qui corresponde à leur goût, constate le Dr Gerbault. Le nez est la première zone de focalisation des personnes atteintes de dysmorphophobie », ce mal qui consiste à ne pas se voir tel qu’on est. Autre particularité, c’est l’intervention esthétique qui a le taux de retouches le plus élevé: « De 5 à 10 % chez les chirurgiens spécialisés, de 30 à 50 % chez les autres [source The Rhinoplasty Society] », poursuit le plasticien 10 % selon la Société française des chirurgiens esthétiques plasticiens. Nez trop court, narines pincées, gêne respiratoire … Ultra-compliquée, la rhinoplastie? « Il faut bien analyser les structures du nez et tenir compte de la qualité et de l’épaisseur de la peau, car la cicatrisation joue beaucoup dans le résultat », estime le Dr Bertrand Mattéoli, chirurgien esthétique.
UN NOUVEAU NEZ SANS OPÉRATION, C’EST POSSIBLE ?
En injectant de l’acide hyaluronique, on peut camoufler un défaut minime, remplir un nez creux (on peut aussi corriger une pointe tombante par l’injection de toxine botulique) … « Les produits de comblement ont révolutionné l’approche de la rhinoplastie, assure le Dr Frédéric Braccini, chirurgien esthétique. Parfois, on évite le bistouri, avec des résultats époustouflants et durables puisque l’acide hyaluronique se résorbe seulement en un à trois ans dans cette zone. » Mais, en ajoutant du volume autour d’une bosse, ne risque-t -on pas de transformer le visage? « Cela ne marche pas pour une malformation importante, un nez trop gros, une pointe à soutenir, d’ailleurs, les trois quarts des indications restent chirurgicales », convient le spécialiste. Autre intérêt: la correction d’imperfections postopératoires. « On peut décoller des adhérences liées àlacicatrisation », précise le Dr Braccini.
TÉMOIGNAGES
Elles ont eu envie d’un nouveau nez. Quatre femmes témoignent de leur ressenti, de quelques mois à plusieurs années après l’intervention.
Sarah, 27 ans, opérée il y a six mois.
« J’étais en forme le soir même de l’opération, j’ai gardé des mèches dans le nez une journée et on m’a retiré le pansement une semaine plus tard. J’appréhendais un peu mais j’ai tout de suite eu une idée du résultat. J’ai eu les yeux bouffis comme quand on a un peu trop dormi, et je suis restée bleue un mois, mais bon, ça fait partie du truc, j’ai camouflé comme j’ai pu. Je ne sens pas encore mon nez à 100% mais à aucun moment ça n’a été douloureux. C’est tellement bien fait que les gens qui ne savent pas me demandent ce que j’ai fait à mes cheveux ».
Elise, 27 ans, opérée au mois de juillet.
« J’ai été opérée en juillet pour une rhinoplastie complexe, à la fois fonctionnelle et esthétique, avec une déviation de la cloison nasale. J’étais un peu complexée par une bosse et un nez assez fort, mais je ne focalisais pas dessus alors j’ai attendu d’avoir l’argent pour me décider. Avant, je me suis beaucoup renseignée sur les différentes techniques sur internet, je me disais que le chirurgien verrait mieux ce qu’il y avait à faire en utilisant la voie ouverte, que ce serait plus précis. Les deux premiers chirurgiens consultés ne proposant pas ce procédé, j’en ai consulté un troisième, qui m’a convaincue par son professionnalisme. Le fait qu’il soit spécialisé et rattrape des rhinoplasties ratées m’a rassurée. Lors du premier entretien, il m’a photographiée sous tous les angles et fait un scanner des fosses nasales. Après l’opération, j’ai eu un pansement discret, de petites attelles en silicone dur à l’intérieur du nez le long de la cloison, ce qui m’a gêné pour respirer par le nez pendant une semaine. J’ai eu un épanchement de sang à l’intérieur des yeux, de l’œdème et j’ai gardé des ecchymoses pendant 4 à 5 semaines. Aujourd’hui, à trois mois de l’intervention, je n’ai pas tout à fait le résultat définitif mais je respire correctement et la cicatrice à la base du nez est invisible. Les gens de mon entourage ont trouvé le résultat très naturel, en harmonie avec mon visage ».
VÉRONIQUE, 43 ANS, OPÉRÉE QUAND ELLE AVAIT 30 ANS.
« Plus jeune, c’était un vrai complexe car j’avais un long nez et une bosse. Au point que les enfants à l’école me trouvaient de « charmants » petits surnoms et que ma grand-mère était prête à me payer l’opération avant mes 18 ans. A 30 ans, j’ai consulté deux chirurgiens que m’avait recommandés mon médecin ORL. Cela n’a pas du tout fonctionné, ils ne m’ont pas vraiment donné d’explications et j’ai eu l’impression que seul mon chèque les intéressait. Ce n’est pas neutre de toucher au visage, ça ne se fait absolument pas à la légère. Mon Orl m’a conseillé un troisième chirurgien qui m’a accueillie et rassurée. Il m’a montré comment modeler mon nez pour que ce soit naturel et que cela ne me change pas trop, puisque je vivais avec depuis des années. Quand il a retiré le pansement, j’étais en confiance malgré une petite appréhension. Je n’ai quasiment pas eu de cocards. Il a juste gommé la bosse et redressé la cloison nasale qui était déviée. C’est une totale réussite car les gens qui ne me connaissaient pas avant n’imaginent même pas que j’ai été opérée. Cela m’a donné énormément confiance en moi, cela a guéri les blessures du passé. Si j’avais su que c’était si peu contraignant, je l’aurais fait avant. Quand on sent que c’est le bon chirurgien, on ne se pose plus de questions et on accepte de passer le pas, il n’y a plus qu’à ».
Karine, 44 ans, opérée il y a une quinzaine d’années.
« J’y pensais depuis l’adolescence mais j’ai attendu d’avoir des économies. Comme c’était ma première opération, je me suis sentie perdue pour trouver le chirurgien. J’en ai consulté un que j’avais vu à la télé, je me suis dit qu’il devait être bon. J’aurais préféré l’hôpital mais il m’a semblé sérieux, et sa clinique réputée. Lors de la première consultation, il m’a posé des questions pour être sûre de mes motivations et voir s’il était pertinent de m’opérer. Il m’a pris en photo, et suggéré, non seulement d’enlever la bosse mais d’affiner aussi mon nez. J’étais d’accord. A part mon mari qui était contre, je l’ai fait sans en parler à mon entourage et je me suis rendue toute seule à la clinique avec ma valise. La nuit précédant l’intervention n’a pas été facile, je me disais que c’était futile, une démarche un peu égoïste. Je ne me sentais vraiment pas bien, j’ai pleuré mais personne n’est venue me voir pour me rassurer. Au réveil, j’étais très déstabilisée, je ne m’attendais pas à ce que ce soit si douloureux, et quelqu’un m’a disputée parce que je n’étais pas encore habillée alors que le chirurgien allait passer. J’ai trouvé un peu rude de me retrouver dans la rue avec ma valise ! J’avais un énorme pansement et les suites ont été longues alors que je n’étais pas prévenue. J’avais pris 15 jours mais j’ai dû prolonger d’une semaine, car je ne pouvais pas sortir avec ces bleus sur tout le visage. je n’étais pas préparée à ça. Une infirmière m‘a retiré les pansements une semaine plus tard puis j’ai dû attendre une heure que le chirurgien passe pour avoir le droit de me regarder. J’étais contente, mon mari aussi et mon entourage ne s’est aperçu de rien. Ça a été un changement énorme, j’ai vraiment repris confiance en moi. Avant, je ne voulais jamais me mettre de profil alors que ce n’était pas catastrophique ! Je suis toujours contente mais ce n’est pas une opération anodine ».